BARBENTANE RECENSEMENT DE 1911 |
Édito : Pour faciliter nos recherches sur les Poilus non natifs du village, nous nous sommes penchés sur le recensement de 1911, le dernier disponible dans les archives numérisées pour Barbentane. Alors, à y être, autant en faire un état informatique et le publier en libre accès pour tous ceux qui veulent faire des recherches. Cette étude nous a permis de retrouver 6 nouveaux Poilus morts pour la France (MPF) : Baptistide Marius LUNEL né à Vallabrègues, en 1911 il est garçon boucher chez André BOYER ; Antoine Joseph CORNILLON (frère de Marius Joseph, lui aussi MPF) et Jean Jacques Ernest ASTIER qui tous deux travaillent comme ouvriers agricoles pour le comte TERRAY et résident en 1911 au château de l'Îlon ; Léon Adolphe Henri HEBERT qui travaille comme ouvrier agricole chez Jean Baptiste CHAUVET (MPF) ; Auguste Adrien GIRARD qui travaille comme berger saisonnier chez Jean Baptiste SAUVANT et Pierre Firmin SARRAZIN (frère de Joseph Michel SARRAZIN, lui aussi MPF) berger mais chez Joachin GIRARD. Connus trop tard, ils ne figurent pas dans notre Livret des Barbentanais morts pour la France, par contre ces 6 nouveaux Poilus ont une fiche dans le dico des Poilus barbentanais. Cela porte le total à 117 Poilus barbentanais de naissance, de cœur ou d'adoption, tués au cours de la Grande Guerre. Les recensements de la population sont pratiqués depuis l'apparition de l'écriture et la sédentarisation des peuples. Quasiment toutes les grandes civilisations pratiquaient à intervalles réguliers des 'statistiques' sur l'état du 'Pays' et cela sur tous les continents, y compris au Amérique avant l'arrivée de Christophe Colomb. En France, ils sont pratiqués quasiment tous les 5 ans depuis 1836 et les données recueillies évoluent presque à chaque fois. C'est à partir de 1881 qu'ils prennent note des : nom, prénom, profession, âge (ou année de naissance à partir de 1906), adresse, rang des individus dans le ménage (chef de famille, épouse, fils, fille, etc..) et la nationalité (depuis 1886). Depuis 1901, sont aussi notés le lieu de naissance et la position sociale (patron, ouvrier/employé et, dans ces derniers cas, le nom de l'employeur). Comme aujourd'hui, l'agent recenseur n'est pas autorisé à mettre en doute les éléments qu'on lui donne en réponse à ses questions, il se doit de les transcrire sans chercher à vérifier leur authenticité. Habitué à demander l'âge des personnes, souvent il note les années de naissance qui correspondent à la réponse, ce qui est pas toujours exact et les erreurs sont fréquentes y compris sur l'orthographe des patronymes. Il en est de même pour les prénoms, ceux inscrits sont souvent ceux d'usage, pas toujours ceux de l'état civil, ce qui ne facilite pas les recherches, surtout en cas d'homonymie et ils sont légions. |
A ce sujet, nous avons compté 28 familles FONTAINE dont 4 au nom de Louis FONTAINE et 23 familles BERTAUD, dont 5 au nom de Claude BERTAUD et le reste est à l'avenant !!! Vous pourrez le vérifier en consultant les listes par ordre alphabétique. Dans un village ou les noms des rues et des quartiers ne sont pas aussi rigoureux qu'aujourd'hui, les facteurs de l'époque devaient avoir un don de voyance pour distribuer les bons courriers aux bonnes personnes sans se tromper. Cela explique aussi pourquoi les surnoms sont si nombreux. Associés au nom de famille, ils permettent de différencier les familles homonymes sans coup férir, même pas besoin du prénom qui souvent sont les mêmes. BERTAUD Comique et BERTAUD Tourtobarri ne peuvent pas être confondus. En plus, comme la langue provençale est très 'imagée', cela les enjolivent comme pour FONTAINE lou Counquerant car il avait participé à la guerre de Crimée(1). Par contre, chaque recensement est un flash qui, à un moment donné, donne un état réel des personnes présentes dans chaque foyer avec un minimum de renseignements. Ne sont pas notés, tous les absents pour une longue période, comme les appelés du contingent. Ce qui représente environ 40/50 personnes sous les drapeaux pour Barbentane dans le recensement de 1911(2). A l'époque, les maisons dans les rues ne sont pas numérotées, encore moins les habitations en campagne qui sont souvent situées dans des quartiers aux limites très floues, ce qui ne facilite pas leur localisation actuelle. L'agent recenseur se borne juste à mettre un nouveau numéro d'ordre après chaque maison. Rapide aperçu du village avant 1911. Déjà, résultat de la Révolution, sans être réduites à néant, une très grande partie des vieilles propriétés des aristocrates locaux sont morcelées et les anciens métayers barbentanais deviennent quasiment tous des propriétaires terriens. Certes les parcelles ne sont pas bien grandes, mais pour l'agriculture locale telle qu'elle se pratique à l'époque, c'est largement suffisant pour faire vivre les familles. De plus, la pratique de la sériciculture et de la culture de la garance dans les années 1830/1850, font sérieusement augmenter les ressources financières des agriculteurs. Alors, petit à petit, la campagne, encore inondable, se couvre de fermes en pierre, dites 'mas', qui permettent aux cultivateurs-propriétaires de vivre à proximité immédiate de leurs terres. Toutefois, précaution indispensable, chaque mas a sa barque à fond plat prêtre à rapatrier les habitants au village, mais aussi le chien ainsi que le cochon familial quand il n'est pas trop gros. Pour les chevaux, ils marchent ou nagent à côté de la barque encouragés par leur propriétaire. Outre les inondations, il faut aussi combattre le deuxième fléau naturel qu'est le Mistral, ce vent qui 'casse' tout. Alors, le paysage se couvre de haies de protection, d'abord en cannes dites 'sebisso', puis rapidement en les remplaçant par des cyprès qui, plus haut, protègent mieux les récoltes. Si la culture de la garance est d'un excellent rapport, elle s'étale sur 3 ans entre son ensemencement et son arrachage puisque seules les racines sont utiles pour servir de colorant. Ainsi, comme cela leur est conseillé, les agriculteurs locaux font pousser de nombreux légumes primeurs entre deux garancières. Cela permet, par un assolement bien maîtrisé, des rentrées d'argent régulières tout au long de l'année puisque deux à trois récoltes sont possibles. Surtout, il y a une demande très forte des villes en légumes frais car elles n'ont plus la capacité de nourrir une population qui ne cesse de croître du fait de la révolution industrielle. Tout cela est alors possible grâce au développement du transport ferroviaire qui, par sa vitesse et sa capacité d'emport, permet des liaisons inter-villes rapides. Pensez qu'en 1880, un train de messagerie (transport de marchandises rapide) met bien moins de 24h00 entre Barbentane et Paris. Dans une société de consommation qui ne connaît pas encore la maîtrise de la conservation par le froid, pouvoir manger des légumes frais, à un prix abordable, quasiment tous les jours est une réelle avancée sociale. Conséquence logique, Barbentane va devenir très rapidement la première gare ferroviaire primeurs de France, titre qu'elle gardera jusque dans les années 1970. Il n'est donc pas étonnant que l'abandon de la sériciculture, puis de la culture de la garance se soient faits quasiment sans heurt social. Tout au plus, on a remisé les anciens outils agricoles au fond des écuries, pour les remplacer par d'autres plus adaptés aux nouvelles cultures et on a coupé les muriers indispensables pour la sériciculture pour les remplacer par des platanes. D'autant plus que, pour cultiver la garance des canaux d'irrigation ont été creusés et qu'ils se révèlent encore plus précieux pour la culture des primeurs. La population de Barbentane. Le but principal d'un recensement est de compter la population d'un lieu. De son niveau plancher de 2 005 habitants en 1800, la population de Barbentane va croître de façon significative jusqu'à la pleine période de la culture de garance en 1866 pour atteindre 3 213 habitants. Pensez qu'à l'époque, entre octobre et décembre lors de l'extraction des garancières arrivées à maturité, il faut non seulement tous les hommes du village mais aussi 600 travailleurs extérieurs(3). Que pour faire ce travail, on attèle entre 6 et 8 chevaux en flèche pour soulever la terre sur près de 60 cm et qu'il faut finir l'arrachage à mains d'hommes au pic et à la pioche. On sait aussi que plus la racine est 'fraîche' meilleur sera le colorant, il faut donc faire vite pour la revendre. Dans un témoignage donné en 1938(4) par un très vieux cultivateur, il y avait à cette époque là au village 'un marché aux hommes'. Hélas, nous n'en savons pas plus dans le détail. Il est à supposer que dans cette période le besoin de main-d'œuvre est si fort, non seulement au village, mais aussi dans la toute la contrée, que ces travailleurs saisonniers doivent demander de bonne rémunération et aussi de bonnes conditions d'hébergement lorsqu'ils sont indispensables. Après cette époque, la disparition de la culture de la garance amène une décroissance de la population plus lente du fait du départ de bon nombre de ces travailleurs extérieurs, qu'ils soient maçons pour construire les mas ou ouvriers agricoles. Cette disparition n'est pas vraiment compensée par une démographie locale stagnante. Si, en 1911, Barbentane compte 2 607 personnes, le village va poursuivre sa décroissance jusqu'en 1954 avec 2 427 habitants. Ce n'est qu'en 1990, soit plus de 120 ans plus tard, qu'avec 3 273 habitants Barbentane dépassera la population de 1866. Depuis elle ne cesse de progresser pour atteindre 4 127 personnes en 2016 mais en devenant une des cités dortoirs du Grand Avignon…
Démographie. Si au global, la parité hommes/femmes est à 41 personnes près quasiment la même, il en est pas de même dans le détail. On peut noter qu'il y a bien plus de filles que de garçons dans les tranches de moins de 20 ans. Dans la tranche des 20 ans, le 'manque' de garçons s'explique très bien par le nombre d'absents qui sont au service militaire. Par contre, dans les tranches au-delà de 30 ans, la moindre proportion de femmes peut s'expliquer par les décès en couches qui sont toujours relativement nombreux, en tout cas beaucoup plus qu'aujourd'hui. Le doyen du village approche les 90 ans et vit avec sa nièce. En règle générale, les Barbentanais ne vivent pas seul. Sur les 825 familles recensées, 598 sont des couples (72%) dont la plus grandes majorités des épouses ont entre 40 et 50 ans, mais la tranche d'âge supérieure et celle inférieure sont quasi équivalentes. La natalité est en forte augmentation, en 1911 il y a 894 enfants de moins de 13 ans dont 303 qui sont d'âge scolaire (entre 6 et 13 ans). Il n'y a que 103 personnes (12%) qui vivent seules à la maison. Le plus souvent ce sont des veufs ou des veuves qui n'ont pas encore besoin d'aide extérieure. Les célibataires, même âgés, restent avec leurs parents, 190 familles vivent à trois, 133 à quatre, 95 à cinq, 36 à six, 18 à sept, 6 à huit, 2 à neuf et 1 seule famille comporte dix personnes.
Recensement de la population de Barbentane de 1911. Le tableau final du recensement fait apparaître les données suivantes : Si nous intégrons ces 2 607 individus dans un tableau de l’évolution de la population de 1793 à 2016 nous constatons que ce XIXe siècle se partage en 2 temps bien différents. Une très forte croissance de 1800 à 1866 (soit 66 ans). Dans cette période la population s'accroît de 1 208 individus soit une augmentation de 60% suivie à partir de 1866 d’une décroissance significative de 45 années (1866-1911) puisque la commune perd 606 individus (-20%), passant de 3 213 à 2 607 habitants en 1911 au village. La forte croissance de la première moitié du siècle pourrait s’expliquer par : · Une natalité encore forte et une diminution progressive de la mortalité soit un croît naturel largement excédentaire ; · Par l’apport d’une population étrangère à la commune et occupée soit : Þ par l’agriculture : exemple de la garance qui demande beaucoup de 'bras' et dont la culture a fait la prospérité de quelques propriétaires ; Þ par l’aménagement d’un nouveau terroir avec l’endiguement du Rhône et de la Durance, le creusement de canaux d’irrigation et d’écoulement, afin de faciliter les mutations agricoles qui passent de la trilogie méditerranéenne (blé, vigne, olivier) à des champs de cultures maraîchères abritées de haies mortes 'sebisso' ou vives avec les cyprès ; Þ par la construction du pont routier de Rognonas qui enjambe la Durance et favorise les relations avec la ville d’Avignon ; Þ par la construction et la mise en service de la ligne de chemin de fer, le PLM qui met définitivement Barbentane en relation avec le reste de la France. La décroissance qui suit pourrait s’expliquer par : · Une baisse de la natalité soit une diminution du croît naturel de la population ; · par l’abandon de la culture de la garance concurrencée à mort par l’utilisation de l’Aniline dès les années 1860/1870 ; · par la fin des grandes constructions d’infrastructures et le départ d’une main d’œuvre d’appoint ; · par l’attrait des villes et les déplacements favorisés par ces infrastructures ; · par la mise en place du service militaire obligatoire pour tous en 1905 (loi Berteaux) qui favorise la découverte d'autres mondes pour les conscrits du village. Quoi qu’il en soit le chiffre de 1866 ne sera rattrapé qu’en 1990 ! |
Entrons maintenant plus avant dans le dépouillement du recensement de 1911 L’étude de ce tableau montre que la population agglomérée (1 407) est plus nombreuse que la population dispersée (1 200) même si celle-ci est importante. Si le centre ancien et les faubourgs sont encore attractifs la dispersion des habitants dans le bas du village et dans la campagne est rendue possible par une meilleure protection face aux inondations qui peuvent être dévastatrices. Les mas ont presque tous un étage, hauteur qui sert de refuge en cas de crues ordinaires. Et elles sont fréquentes. Pour mémoire après la très grande crue de 1856 (côte à 7m83 au mois de juin) suivent des côtes moins élevées mais inquiétantes à plus de 6m50 en 1886, 1896, 1900, 1907, et 1910.
Comme nous avons moins d’habitations que de ménages cela veut dire qu’il y a cohabitation d’au moins 2 générations sous un même toit. C’est une évidence et une nécessité à une époque où les aînés ne percevant pas de retraite sont à la charge de leurs enfants voire de leurs petits-enfants. Dans la partie agglomérée le taux d’occupation est de 4,09 personnes par habitation alors qu’il tombe à 3,23 dans la partie dispersée. Si l’on ajoute à cela plus d’espace extérieur et plus d’ensoleillement dans la campagne cela représente un attrait certain et plus tard favorisera les déplacements de population et l’abandon de maisons trop petites et/ou insalubres du Centre Ancien.
On constate aussi que les étrangers se fixent dans le Centre Ancien, là où les maisons sont les plus immédiatement accessibles, mais nous leur réserverons une étude séparée. Le tableau suivant répertorie les individus nés à Barbentane et hors de Barbentane c'est-à-dire venant des communes limitrophes, des départements proches et hors de France. Cet apport de population étrangère est non négligeable car il représente plus de 20% de la population totale. Si l’apport d’enfants est conséquent, 158 individus, l’apport des 20-60 ans, de 221 individus est essentiel au dynamisme de la population. Outre les ouvriers agricoles, les bergers, les tailleurs de pierre l’essentiel de cet apport repose sur les instituteurs et institutrices et les employés du chemin de fer. Mais d’où viennent-ils exactement ?
Sur ces 544 individus la répartition est la suivante : Les deux départements limitrophes fournissent l’essentiel des nouveau-venus, les mariages les expliquent en partie, les départements alpins quant à eux envoient des ouvriers agricoles et des bergers parfois travailleurs saisonniers, les autres départements se situent dans le Sud de la France. Quant à ceux qui sont nés dans les Bouches du Rhône les mariages les expliquent en grande partie surtout pour les communes limitrophes et notamment Rognonas. A Barbentane, l’endogamie est importante mais ce n’est pas un village replié sur lui-même. Pyramide des âges. Cette pyramide réserve quelques surprises même si l’ensemble est assez équilibré. On dénombre 1 324 femmes pour 1 283 hommes. La base est assez large, preuve que la natalité reste soutenue toutefois pour les moins de 10 ans nous notons un excédent de filles par rapport aux garçons ce qui est assez inexplicable d’autant qu’à la décennie suivante ce phénomène s’inverse sans que nous sachions pourquoi. L’échancrure masculine des 20 à 30 ans s’explique en partie par le départ au service militaire des jeunes de 20 ans pour une durée de deux ans et peut-être aussi par des non-retours après ce service accompli ailleurs, certains jeunes préférant abandonner le dur travail des champs et s’installer à la ville. Du côté féminin la perte d’une partie de jeunes femmes peut s’expliquer par des morts prématurées au moment de l’accouchement, ce déficit se poursuit dans la décennie suivante pour les 30-40 ans alors que du côté masculin cette perte paraît compensée par un apport de main d’œuvre extérieur à la commune d’hommes jeunes qui offrent leur force de travail. Entre 30 et 60-65 ans la pyramide s’équilibre et on a une population nombreuse qui peut subvenir à la fois à l’entretien des jeunes et des classes plus âgées. La pyramide ne se rétrécit vraiment qu’au-delà de 70 ans, preuve que l’espérance de vie s’allonge puisque 34 personnes (19 femmes et 15 hommes) ont plus de 80 ans dont 2 couples La population scolaire. En 1882 les lois Jules Ferry instaurent l’obligation scolaire pour les enfants de 6 à 13 ans, soit en 1911 les enfants nés entre 1904 et 1898. Ce sont 295 enfants, 135 garçons et 160 filles répartis sur les deux écoles du village sans que nous puissions faire la part de chacun. Le taux d’encadrement est excellent car nous recensons 5 instituteurs et 9 institutrices, ce qui fait une moyenne 21 élèves par enseignant.
D’ailleurs l’énorme courrier échangé avant et pendant la Première Guerre mondiale atteste d’un taux d’alphabétisation remarquable. Les enseignants se répartissent ainsi : 9 vivent rue Canade, 3 à la rue du Château et 2 à la rue des Rocassons. Aucun d’entre eux n’est originaire de Barbentane. Les plus proches sont originaires de Tarascon, Beaucaire ou Marseille, les autres viennent de l’Ardèche, de la Haute-Loire, du Tarn, de la Corrèze, etc... La plus âgée est née en 1862 (49 ans), la plus jeune en 1888 (23 ans). 7 institutrices sont célibataires, les 2 autres sont mariées à des instituteurs, 2 instituteurs sont célibataires, un seul se marie avec une barbentanaise et a une descendance au village. Les étrangers à Barbentane. Ce sont essentiellement des Italiens. Ce sont majoritairement des familles, mais 4 couples sont sans enfant et la famille la plus nombreuse en a 6. Deux femmes chefs de famille sont dites 'sans profession' quant aux hommes ils travaillent essentiellement dans l’agriculture ou dans le bâtiment. On dénombre : 65 d’entre eux résident dans le centre ancien, les 34 autres vivent essentiellement au Chemin de la Fontaine et au quartier du Cadeneau Situation Sociale. Oui, les agriculteurs de notre contrée sont 'riches', du moins le travail agricole, s'il est pénible, leur donne une belle aisance. Il n'y a qu'à voir l'évolution du costume provençal pour constater cette évidence. Fait avec les plus beaux tissus, très élaboré, coûteux, il est bien loin des 'blouses' unicolores des paysans des montagnes. D'ailleurs, l'habit d'Arlésienne ne se porte pas à la terre, il n'est vraiment pas adapté, bien trop délicat. C'est un habit de cérémonie qui se porte le dimanche et dans les grandes occasions. Pour le travail des champs, les habits sont beaucoup plus simples. Outre la beauté de ses vêtements, pas une seule provençale ne sort sans ses bijoux. Bien au contraire, il faut qu'ils soient voyants, et ce n'est pas du clinquant, pour montrer à tous sa réussite sociale. Même les costumes masculins sont faits de belles étoffes, du chapeau indispensable aux souliers vernis. Hélas, cette aisance n'est pas sans attirer les escrocs de tous poils qui, dans cette période de fortes promesses industrielles, font miroiter des rentabilités financières mirifiques dans des placements à forte valeur ajoutée. Certes, les 'emprunts' officiels, comme celui des Chemins de fer français, puis russes et le canal de Panama, semblent solides et prometteurs. A côté de ceux-là, combien d'autres ne sont que des miroirs aux alouettes qui font davantage la fortune des imprimeurs que des souscripteurs. Tous les greniers provençaux possèdent au moins une grande valise avec un bon nombre de titres pompeux qui n'ont jamais rapporté un centime et qui ont parfois ruiné la famille. La grande majorité de la population travaille la terre. Sur 825 familles, 462 se disent cultivateurs (56%), et 142 autres personnes travaillent aussi aux champs (fils de cultivateurs le plus généralement). A ceux-là il faut rajouter 43 journaliers, 24 ouvriers agricoles, 11 bergers et 11 expéditeurs. Ce qui donne environ 1 150 personnes qui sont directement liées au travail de la terre, soit près de 65% de population totale du village avec les épouses mais sans les enfants de moins de 13 ans. Bien sûr, tous les métiers indispensables à la vie rurale sont présents, pas besoin d'aller chercher ailleurs. Nous avons compté : 74 commerçants, 73 artisans, 96 employés de toute nature (hors agriculture), 13 professions libérales, 15 retraités dont 10 cheminots et 96 personnes qui se disent sans profession dont 4 rentiers. Chose bizarre, on ne retrouve aucun moulinier dans cette énumération alors qu'au moins 3 moulins sont en service à l'époque des olives. Un autre écueil, les femmes, quasiment sans exception, sont notées 'néant' en guise de profession, ce qui est une erreur manifeste. Bien au contraire, sauf les retraitées et les épouses de notables, toutes travaillent. La plupart à la terre avec leur époux ainsi que leurs enfants filles et garçons dès l'âge de 13 ans(5) ou avec leur mari dans les commerces. D'ailleurs on ne trouve aucune accoucheuse, ni même de nourrices, alors que le village doit en posséder plusieurs. Il n'y a guère que les veuves, les institutrices et les domestiques qui ont 'droit' à une profession officielle... Dans la vie communale, une particularité, le maire, Pierre TERRAY, n'habite pas au village, il réside à Paris ou en Normandie et c'est son premier adjoint, Joseph ARDIGIER qui fait office le plus souvent de maire(6). Aimé GUIGUES est le curé, l'abbé Louis Marcel FRAIZE son vicaire, Baptistin COSTE est le percepteur, Félix Henri FAUQUE le notaire, Théophile PIGEON et Marc BOUIS sont médecins, Casimir ANDRÉ est le directeur des écoles laïques, Léon PINAT celui des écoles libres et Auguste BRUN tient la pharmacie. Il y a aussi le marquis Robert de PUGET de BARBANTANE qui réside en son château et un industriel, l'entreprise DURAND-DAUDET sise aux Carrières. Les artisans sont nombreux et adaptés pour la vie locale, il y a 14 maçons, 10 carriers, 6 couturières, 5 maréchaux-ferrants, 5 menuisiers, 5 charrons, 5 cordonniers, 4 serruriers, 4 vanniers, 4 marbriers, 3 bourreliers-selliers, 2 chaisiers, 2 tailleurs de pierre, 2 ferblantiers, un typographe (qui travaille à Avignon) un électricien et un terrassier. La vie commerçante est toute aussi vivante avec 12 boulangeries (et 14 boulangers), 9 épiceries, 8 cafés (avec un garçon de café), 6 laiteries, 5 boucheries (avec 9 bouchers et 2 charcutiers), 5 revendeurs (sans autre précision), 3 magasins de nouveautés (mercerie, tissus et autres), 3 marchands de charbon (dont un s'est installé à la gare, grande consommatrice de cette roche fossile), 3 voituriers, un hôtel (avec un maître d'hôtel), une pâtisserie, un marchand de journaux, un marchand forain (sans autre précision), un négociant (sans autre précision), un peintre et un buraliste(7). Il ne faut surtout pas oublier les 34 cheminots (9 au BdR et 25 au PLM) qui sont les plus nombreux employés du village, les 26 domestiques pas tous agricoles, les 14 instituteurs (dont 9 femmes), les 6 employés dont un de l'Octroi, les 5 cantonniers, les 5 facteurs-télégraphistes, les 2 fossoyeurs, les 2 ménagères et l'indispensable secrétaire de mairie... Fait en mars 2019, Guy et Monique |
Les condamnés pour violence envers la force publique lors des inventaires. Ils sont désignés comme 'victimes' sur cette carte postale (collection Joseph AYME) |
(1) Voir à ce sujet les listes impressionnantes de surnoms sur le site du regretté Maurice COURDON en cliquant-ici (2) Depuis le 21 mars 1905, la loi Berteaux supprime le tirage au sort, les remplacements, ainsi que les exemptions. Désormais tous les hommes en bonne santé peuvent être appelés pour deux ans, pour un service militaire personnel, égal et obligatoire. Donc en ce début d'année 1911, sont toujours sous les drapeaux les garçons nés en 1889 et 1890. (3) Ces travailleurs 'extérieurs' sont essentiellement des 'Gavots'. Ce sont des agriculteurs Alpins ou du Massif Central, qui descendent faire les saisons de printemps et d'automne pour compléter leurs maigres ressources financières locales. (4) C'est dans un des carnets de notes de Marcel MAGET, une des personnes qui est venue au village en 1938 pour étudier la mise en place d'un musée destiné à la Farandole, que j'ai relevé cette anecdote à lui donnée par Cyprien JOUBERT alors âgé de 86 ans. (5) Depuis 1881 l'école publique est gratuite et c'est en 1882 qu'elle est rendue obligatoire pour tous entre 6 et 13 ans (lois Jules Ferry). (6) Joseph ARDIGIER deviendra finalement maire de 1919 à 1925. (7) En fait, il y a deux bureaux de tabac au village depuis la deuxième mandature de Louis VERAY (1871-1874), mais pas recensé car tenue à Saint-Joseph par l'épouse du menuisier Charles Meyer. |
Si vous avez des questions ou si vous constatez des erreurs, vous pouvez toujours m'écrire, cliquez ici et ce sera fait ou alors à cette adresse : bne.lagramillere@free.fr |
Barbentane, le plus beau village de l'Univers |
Vous pouvez télécharger ce travail au format PDF en cliquant-ici |
Dessin des inondations de 1886, il est paru dans le Monde Illustré du 27 novembre 1886 (collection Daniel Grimaldi)
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En 1909/1910, ces adorables bambins se préparent pour une procession au village (collection Monique VERNET) |
Vers l'année 1910, en hiver, place du Séquier un rassemblement de familles d'origine italienne pour une photo collective |
Créée vers 1905, l'usine électrique qui alimente la pompe qui permet de monter l'eau au village, le forage se trouve à proximité (collection Joseph AYME) |
La gare PLM de Barbentane, la première gare primeurs de France (collection Joseph AYME) |
Le château de l'Îlon, maintenant disparu, construit en 1884 par la famille PUGET (collection Jackie PETIT-LOUIS) |
Une course de vachettes aux arènes de 'Cachoun' au quartier de la Fontaine (collection Jackie PETIT-LOUIS) |
Carte postale de grande valeur, car le cliché a été 'tiré' à l'envers pour cette photo de la tour Anglica (collection Daniel GRIMALDI) |
La Maison des Chevaliers, à noter la petite fontaine qui alimentait tout le quartier (collection Joseph AYME) |
Les 'fameux farandoleurs de Barbentane' dans le Pré du château du Marquis (carte colorisée, collection Jackie PETIT-LOUIS) |
Photo datant d'avant 1911 car les platanes ne sont pas plantés, et le monument aux morts est loin d'être construit (collection Joseph AYME) |
Taureau à la 'Bourgine' (nom de la longue corde qui encadre le taureau) devant la mairie entre les deux Cours (collection Jackie PETIT-LOUIS) |
Une sortie des vêpres à la porte Calendrale dite aussi porte Sarrazine (collection Joseph AYME) |
Tous les employés de l'expéditeur PETIT installé sur le Cours posent pour la photo, y compris le facteur (collection Joseph AYME) |
Après les vêpres, les dimanches et jours de fêtes, les Demoiselles barbentanaises 'habillées' en arlésiennes ou pas, en rang, bras dessus, bras dessous, ne cessent de défiler devant les terrasses des cafés du Cours où les hommes sont installés pour les regarder passer (carte colorisée). C'est une très vielle coutume barbentanaise. |
La rue du Cimetière, qui n'est pas encore devenue la rue Caradone (carte colorisée de la collection Jackie PETIT-LOUIS) |
Blason dit de François Ier tel qu'il est rue de la Clastre |
Familles classées par rue ou quartier |
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Familles classées par ordre alphabétique |